La mode se veut-elle de plus en plus revendicatrice ?
Paradoxe ultime dans un milieu où les femmes sont considérées comme des cintres ambulants. La mode est devenue la bête noire des biens pensants, lui faisant porter le chapeau pour tous les maux de la gente féminine : l’anorexie, l’absence de confiance, l’accumulation de chaussures…
Pourtant, on voit, petit à petit, naître un élan de revendication dans les collections…
Le monde de la mode serait-il en train de changer ?
Pas vraiment en fait.
Si on fait un point historique, on se rend vite compte qu’au début, la mode était l’arme des femmes en recherche de liberté : la fin du corset (merci Gabrielle), les pantalons (Poiret et Yves Saint Laurent), les jupes au-dessus des genoux (Thank you Mary). C’est une histoire de libération et d’émancipation des femmes. C’est après que ça a dégénéré.
Alors après c’est quand ?
C’est quand le marketing a pris le dessus sur le produit. C’est quand la fille qui porte est devenue plus importante que la robe portée. C’est quand on a dit « sois chienne, ça fait vendre ».
C’est l’argent, le nerf de la guerre, qui a tué l’idéologie début 20e. Avec le temps, on s’est persuadé que la mode ne servait qu’à être une jolie potiche bien habillée. (On se demandera d’ailleurs pourquoi l’intelligence et la beauté sont antinomique… Je vous laisse méditer). Imaginez-vous juste 30 seconde en 1905, femme parisienne avec des envies d’émancipation (et de pantalon !). Imaginez aussi qu’un simple caleçon long peut vous envoyer en prison. Plutôt cher payé pour une simple volonté d’affirmation.
Mais, il semblerait qu’il y ait de la lumière au bout du tunnel. Après la sombre période « Moulinex libère la Femme ! », la cause féminine reprend petit à petit ses droits. L’exemple le plus frappant étant la première collection de Maria Grazia Chiuri pour Dior. Les mannequins arboraient des magnifiques tops avec un slogan plutôt clair : « We should all be feminist ».
La dernière Fashion Week New Yorkaise appuie encore un petit peu plus cette volonté de revendication (surement à cause de leur nouveau merveilleux président pro égalité des sexes). Le créateur Prabal Gurung a, lui aussi, créé un slogan lourd de sens : « The Futur Is Female« .
On peut compléter ces deux exemples avec Sonia Rykiel (paix à son âme) ou Phoebe Philo pour leur engagement proclamé depuis des années. Elles se revendiquent femmes, féministes et assument leur statut de prêtresses de la création.
Le féminisme doit être un virus qui traîne dans l’air, parce qu’en ce moment on sent une volonté de rappeler au plus grand nombre nos droits difficilement acquis.
Emma Watson est devenue la porte-parole du mouvement à l’international. Dans l’hexagone, on commence à voir naître de plus en plus de chaînes féministes sur Youtube : Parlons peu Parlons cul de Juliette Tresanini et Maud Bettina-Marie, Natoo (Youtubeuse engagée), Virago d’Aude Gogny-Goubert…
Il semblerait que l’on soit face à une prise de conscience globale.
Pour en revenir à la fringue, c’est juste un bout de tissus qui laisse le choix aux femmes. Le choix de porter ce pantalon, le choix de l’image qu’elles veulent renvoyer, le choix d’être celle que l’on veut.
La mode, ce n’est rien de plus que le reflet de la société. C’est quelque chose qui répond aux besoins actuels. C’est presque logique de voir que le secteur de l’habillement se soucie du sentiment des clientes. Parce que, même en 2017, les femmes ont encore besoin de prouver que leur place dans la société est légitime. Et qu’elles ont surtout la liberté de s’habiller comme bon leur semble.
Plus qu’une montagne de vêtements, la mode c’est une multitude de possibilités et heureusement qu’elle pense aux femmes. Mais dans ce monde de paradoxes, il faut bien comprendre que le féminisme n’est pas une mode, ni une revendication. C’est un besoin de montrer que nous aussi, on existe.
Alors oui, WE SHOULD ALL BE FEMINIST.