Stop au harcèlement de rue !

En cette semaine de lutte contre le harcèlement de rue, il paraît essentiel d’inonder la toile de témoignages et d’articles sur le propos. Le sujet est encore trop peu considéré et trop laissé sous silence !

« Eh toi, joli petit cul ! Putain réponds j’t’ai fait un compliment là !»

(Témoignage tiré du site internet Paye ta Shneck)

Mais ferme là harceleur

Demandez autours de vous, toutes les femmes vous répondront quelles ont déjà entendu une phrase similaire. C’est même devenu leur quotidien. Pourtant l’habitude n’excuse pas les actes. La situation est d’autant plus grave que l’opinion publique tend à incriminer les femmes et non pas les agresseurs. « Elles n’ont qu’à pas porter des vêtements provocants ».

Le vêtement féminin est vu comme un outil d’hyper-sexualisation volontaire. Cette excuse de tenue vestimentaire n’est d’ailleurs absolument pas valable, les victimes peuvent être en jupe, en jean ou en jogging. Tout porte à croire que les agresseurs ne voient plus la femmes en tant que personne, mais comme un objet sexuel. Les agressions tournent toujours autours d’un discours sexualisé. Le phénomène a même tendance à prendre de l’ampleur depuis les années 2000. La drague de rue à toujours existé, mais elle ne portait pas forcement la même dimension sexuelle qu’aujourd’hui.

La question majeure reste pourquoi l’opinion sur les femmes et la féminité s’est dégradée avec le temps. Les militantes de Stop harcèlement de rue nous ont données comme réponse :

« Le harcèlement de rue, c’est un moyen de rendre à l’homme sa place de « dominant » dans la société ».

La domination masculine serait en perte de vitesse. Le seul moyen de regagner leur place « légitime » est donc de rabaisser les femmes au rang d’objet sexuel. Nous avons une partie de la réponse. Mais d’autres dénoncent la société moderne. L’accès à la pornographie dès le plus jeune âge (11 ans en moyenne) donnerait une image négative de la femme, présente dans le seul but d’assouvir les besoins sexuels des hommes. La pornographie montre l’image d’une femme soumise, docile, ne disant jamais non. Les enfants se forgent une opinion erronée sur la sexualité. Opinion qu’ils garderons surement arrivés à l’âge des premiers rapports. Doit-on incriminer l’accès trop facile au porno ?

Oui, la démocratisation du genre a mis un grand coup à la condition féminine.

Notre système de consommation doit lui aussi être montré du doigt. Nous voulons tout, le plus rapidement possible. Nous sommes face à une génération biberonnée à la TV réalité et au sexe facile. Les émissions préférées des petites têtes blondes mettent en scènes des jeunes femmes constamment en maillot de bain, adeptes à la chirurgie esthétique et sans autre ambitions que de réussir par l’apparence.

L’expression coucher pour réussir n’as jamais autant été d’actualité. Ces jeunes filles représentent l’avenir de la condition féminine. Le harcèlement de rue ne serait que la partie immergée de l’iceberg. Derrière ce phénomène se cache peut-être quelque chose d’encore plus grave.

L’image des femmes a changé. Elle n’est plus une mère au foyer dévouée à son mari et ses enfants. C’est peut-être cette nouvelle position qui dérange. Cette évolution ne justifie pas la volonté de rabaisser la femme à une image primaire. Les agressions verbales que nous subissons sont comparables à des paroles racistes ou antisémites. Traitez un rabbin de « sale Juif » vous serez punis, traitez une femme de « chienne » personne ne réagira. Le gouvernement continu pourtant à ignorer l’ampleur du phénomène de société. Comme réaction il n’a eu, pour le moment, que la campagne de sensibilisation dans les transports. Action bien timide quand on compare la France à la Belgique qui a mis en place une loi visant à punir les harceleurs (sanctions pénales et amandes pouvant aller jusqu’à 6000€. La Belgique planche actuellement sur une nouvelle loi pour punir ces agissements). Le gouvernement Français, par son silence sur la situation, pousse à faire subir à plus de 50% de la population un sentiment d’insécurité dans l’espace public.

Mais le plus triste dans cette histoire, c’est que les femmes, à cause des agissements de certaines personnes, ne se sentent pas en sécurité dans leur quotidien. Ces hommes n’ont pas la notion du respect de la Femme. C’est une notion qui a été occulté dans leur éducation. Qui faut-il incriminer alors ?

Les parents qui ne montrent pas l’exemple ? La société ? L’éducation ? Internet ?

Le harcèlement de rue à au moins le mérite d’avoir déclenché une nouvelle vague de féminisme en France. La lassitude face à la situation pousse chaque jour un petit peu plus de personnes à faire entendre leur voix. Des sites internet dédiés exclusivement aux paroles entendues par les femmes ont vu le jour. Paye ta Shneck est devenu une référence en la matière. La structure est passé d’un petit blog à un livre. Le projet crocodile est un site internet précurseur du genre. Il met en scène des dessins pour dénoncer les situations de misogynie. YouTube s’est aussi emparé du combat. Des chaines féministes naissent depuis quelques mois : Le Meufisme (« Game is Ovaire ») lancé en 2014 et Parlons peu parlons cul lancée en 2015. Ces différents dispositifs sont destinés à un public jeune, pour le sensibiliser mais aussi pour déculpabiliser les femmes de leur libération sexuelle.

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Le harcèlement de rue ne fait que confirmer l’absence d’égalité dans notre société. La parité homme/femme parait encore bien utopiste. Sans un soutien gouvernemental, les actions menées resteront minimes et les évolutions inexistantes. Les femmes ne doivent plus rester silencieuses face à cette situation. Il faut oser parler quand on assiste à des scènes d’agressions, oser réagir et venir en aide à la victime. Mais surtout montrer à l’agresseur que son comportement est anormal.

Le harcèlement de rue n’est plus admissible. Il est temps de mettre fin à ce sexisme quotidien.

Si vous avez envie / besoin de témoigner, c’est possible sur Twitter avec le #stopHDR. L’essentiel étant d’arrêter de laisser ce sujet sous silence !

Xo

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